"Yeti"
Comme tout ce qui marche ici... eh bien, toi aussi, tu
passeras vite comme si tu n'avais jamais été.
Une fois compris en route, que toi aussi tu t'arrêtes,
ce parcours de la réflexion n'aura pas de suite.
À peine passée l'arrivée, un saut, déjà l'aveuglement
te guette derrière les lignes oú dans la neige tu t'égares.
De la neige des mots il ne reste qu'un espace entre ces traces
qui seront effacées tôt par prudence. Un essaim de rumeurs
te colle aux tempes, tenace, aveugle, une tache.
Des pensées, ces affections terribles, tu n'en as cure.
Seul un O.K...
pour chaque faux pas, faute et échec.
Ce qui perce par des mots arides à travers l'oubli
s'oubliera lui-même à la fin. Perdue en chemin, persiste
la mémoire, vide. Inscrite dans l'étroite bande des fréquences,
ta mort émet des signes au programme de nuit,
quand, en sommeil, sur le qui-vive, ton corps se cabre.
Tibet. Un homme des neiges. La trace de sa fuite. Blanc sur blanc.
Grünbein, Durs. Après l'est et l' ouest. Paris: Éditions Textuel,
2001, p 173 ( traduit par Silke Schauder).
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