10/01/12

"Aquilo que conta é sabermos. Pouco importa se ficamos devastados com o que nos dizem. "

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( Monólogo de Anna após a estranha morte de Luca, seu amante )

Je ne réussis pas à eloigner le doute, à empêcher le questionnement. Je le voudrais, juste pour tenir bon encore, mais rien n'y fait. Les interrogations les plus diverses, et les plus farfelues, m'assaillent, comme une armée qui accumulerait les coups de boutoir contre les murs d'une citadelle.
Les questions sont une gêne, presque toujours. Seules les réponses, et de préférence les plus tranchées, assurent la tranquilité.
Ce qui compte, c'est de savoir. Peu importe que nous soyons dévasté par ce que nous allons apprendre. Tout vaut mieux qu'une ambiguité, une obscurité.
Je suis même disposée à accueillir des mensonges, porvu que je puisse les croire. Du reste, entre les vérités accablantes et les fables parfaites, je ne choisis pas: les deux me vont car aucune ne me plonge dans les affres de l'incertitude. L'insupportable, toujours, c'est l'entre-deus, la zone grise.(...) Pouquoi n'y a-t-il pas seulement des innocents et des coupables, seulement des héros et des salauds? Pourquoi faut-il qu'on nous inflige des nuances, des dégradés?
Il me semble qu'on m'envoie une épreuve et qu'elle pourrait rapidement tourner au supplice, au cauchemar.
Cette torture me prive du sommeil. (...) Aux premières heures de la matinée, je me rends au commissariat afin d'obtenir une entrevue avec les policiers chargés de l'enquête (...)
À neuf heures trente, un homme se présente à moi: l'inspecteur Tonello me prie de le suivre. (...) Lorsque je lui précise le but de ma visite, il se referme. Les résultats de l'autopsie sont communiqués exclusivement à la famille. Et il revient à la famille de décider comment elle entend en disposer. Lui n'est pas habilité à delivrer ce genre d'informations.

 Philippe Besson in " Un garçon d'Italie ", Éditions Julliard, Paris, 2003, pp 83 - 86.
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