L'homme et l'arbre sont unis dans l'imagination de l'homme, peut-être même le sont-ils dans quelque imaginaire de l'arbre. Ne parle-t-on pas du corps de l'arbre, de son tronc, de son pied? Et, de l'homme, ne parle-t-on pas de sa fourche pour définir le lieu de sa division, ne parle-t-on pas de ses racines pour circonscrire l'endroit de son implantation essentielle et vitale, - justement: son implantation? Il y a plus: il y a que le contact de l'homme avec le sol, avec la terre, se fait par la plante de ses pieds. Il y a que l'arbre et l'homme tous deux respirent et je les entends même tous deux qui chantent: l'homme chante, l'arbre chante, et parfois de concert. En outre, de par la sève et le sang, ils partagent une même lettre initiale, symbole peut-être du serpent susurreur qui s'est mélangé une seule fois, mais plus que suffisamment, à l'histoire d'une origine partagée sise au point de l'éternité et du temps, à une époque qui leur fut à tous les deux semi-réveil après le grand sommeil fondateur. Et puis, si l'homme marche et s'il voyage, le plus souvent accompagné du fracas des machines, l'arbre aussi voyage à sa façon, - discrète. Les arbres qui ne voyagent que par leur bruit, dit, joliment, Georges Schehadé.
Tout cela fait de l'arbre - au même titre que l'animal - notre voisin, notre cousin.
Salah Stétié in " Dans le miroir des arbres ", Fata Morgana, s/c., 2011, pp 11 - 12.
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