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" Un homme ulcéré "
( extrait )
Il connaît le nom de tous les fleuves du pays, les rivières et les
lacs jusqu'au plus minuscule poisson, les nombreux affluents, le
dernier des méandres et la composition des sols, il sait manier
l'abaque, l'équerre et le compas, qunad il fait la dictée le timbre
de sa voix s' infléchit légèrement, couteau traînant dans l'air, il
marche sur les pas des grands explorateurs, la cendre des aztèques,
tout le sang partout sur les terres et les mains de chacun, il conte
l'Antiquité avec les fous de première, Claude, Néron, Caigula et
les gorges aux cigues, mais ce qu'il préfère encore c'est se taire et
prier.
Des cheveux sombres noyés de bleu, lourds et brillantinés. Un
regard noir, intense, brillant comme un bout d'anthracite. Le
nez aigu de l'aigle et de la buse, signe d'avarice, d' accord, mais
ne dénotant pas sur son joli visage. Puis une bouche délicate ne
s'ouvrant que pour l' essentiel: manger le pain, les rondelles de
bananes et celles de pommes de terre, lire les psaumes et le matin,
à midi et encore tard le soir, faire ses oraisons dans sa chambre au
premier. Un homme d'une grande beauté.
Wauters, Antoine. Trois Poètes Belges. Neuilly-lès-Dijon: Éditions du Murmure, 2010, p 100.
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24/05/12
" Ce que nous avons à nous dire n'est pas/ sous nos yeux... "
"Debout sur la langue "
( extraits du Bookleg paru aux Éditions Maelstrom, 2008)
(... ... ... )
Là où je crois dire, je ne dis rien encore.
Et là où je crois parler, ce sont les mots qui
me parlent, m' éventrent et très doux, très
doucement me soufflent, au sens où l'on dit
de quelqu'un qu'il nous prend quelque chose.
Soufflé, vidé de moelle et sel, d'autres voix me
passent, dansent en rond, me faufilent.
(... ... ... )
Ce que nous avons à nous dire n'est pas
sous nos yeux, de même, ce que nous avons
à entendre n'est pas dans ce qui, jour et nuit
et jour, nous crève les oreilles, les rendant
balourdes, marteaux. La parole est à retrouver
dans la parole, loin sous le vide soufflé, sous le
vite et mort dit.
Parce qu'elle ouvre sur un espace plus vaste,
bouillant de sang trouble, d'inoui, une terre
de souffle et de sel, l'écriture rend possible ce
miracle: donner voix, vie au corps, fibres et
foins, petits os. Sans la langue, vivre est une
abstraction..
Wauters, Antoine. Trois Poètes Belges. Neuilly-lès-Dijon: Éditions du Murmure, 2010, pp 96 - 97.
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